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L'importance croissante des communautés locales dans les projets de contribution carbone



Au Kenya, la gestion des ressources naturelles a souvent été marquée par des politiques centralisées, parfois au détriment des communautés locales. Par exemple, la réhabilitation de la forêt de Mau a conduit à l’éviction de populations résidant au sein des parcelles forestières, dont les Ogiek, un groupe autochtone. Bien que ces mesures visaient la conservation, elles ont parfois ignoré les droits et les besoins des populations locales, créant ainsi des conflits et du ressentiment.


Ces exemples nous rappellent de manière frappante que les projets de contribution ne peuvent réussir sans prendre en compte les dynamiques complexes des communautés locales. Les approches centralisées, imposées de manière verticale, négligent souvent un élément clé : la relation profonde et essentielle entre les communautés et leur terre. Sans reconnaître et intégrer cette connexion, les efforts de conservation et de lutte contre le changement climatique risquent non seulement d’échouer, mais aussi d’aggraver les injustices sociales existantes, tout en compromettant les objectifs environnementaux.


L’évolution des projets de contribution carbone a révélé que l’une des manières les plus efficaces d’éviter ces écueils est d’impliquer les communautés locales dès les premières étapes. Mais pourquoi cette participation locale est-elle si cruciale ? Cet article explore pourquoi les communautés locales constituent le véritable pilier des projets de contribution carbone réussis et comment leur implication est essentielle pour atteindre des impacts environnementaux et sociaux durables.


1. L’importance des communautés locales


Les communautés locales ne sont pas de simples bénéficiaires des efforts de conservation ; elles en sont des partenaires indispensables pour garantir le succès et la durabilité des projets de contribution carbone. Bien que ces projets se soit longtemps concentrés sur des critères techniques tels que l’additionnalité, la permanence et la vérification, il est désormais évident que ces projets ne peuvent réussir sans l’engagement des communautés locales.

Impliquer celles-ci dès la conception et la mise en œuvre des projets permet de garantir que leurs besoins et leurs savoirs sont intégrés dès le début. Cette approche favorise la prévention des conflits, renforce l’efficacité des efforts de conservation à long terme et offre des opportunités économiques qui profitent directement aux populations locales.


2. Le problème du "leakage"


L’une des raisons principales pour lesquelles l’implication locale est cruciale réside dans le problème du leakage (fuite), qui désigne la délocalisation de la dégradation de l’environnement vers des zones non protégées lorsque l’accès à des terres ou ressources est restreint. Au Kenya, par exemple, si un projet limite l’accès des communautés locales aux forêts pour des activités agricoles ou de collecte de bois sans leur fournir des solutions économiques alternatives, ces activités risquent de simplement se déplacer vers d’autres zones, annulant ainsi les bénéfices environnementaux du projet.

Ce problème met en lumière la nécessité pour les projets non seulement de protéger l’environnement, mais aussi de créer des bénéfices économiques tangibles pour les communautés concernées. Sans alternatives viables, ces dernières peuvent percevoir les projets de conservation comme une menace pour leur mode de vie et y résister, voire les détourner. En revanche, lorsque les communautés sont activement impliquées et bénéficient des projets, les risques de leakage sont considérablement réduits.


3. La conservation menée par les communautés : un modèle éprouvé


Les projets de contribution carbone les plus réussis sont ceux qui intègrent les communautés locales en tant que participantes actives, depuis la phase de conception jusqu’à la mise en œuvre et au-delà. Un exemple marquant est celui du projet de reforestation dirigé par la communauté au Kenya, dans le comté de Migori, où la communauté de Mirema a pris l’initiative de régénérer des terres forestières dégradées.

En l’espace de cinq ans, la communauté a planté plus de 300 000 arbres, régénérant 50 % de leur forêt dégradée. Cette réussite est attribuée non seulement à l’initiative et à la connaissance locale, mais aussi au soutien technique reçu du Service forestier du Kenya et d’autres parties prenantes. Le projet a combiné la régénération naturelle des arbres existants avec la plantation d’espèces indigènes cultivées dans des pépinières, garantissant ainsi l’intégrité écologique de la forêt.

Le succès du projet de Mirema illustre une vérité fondamentale : les projets de contribution carbone efficaces ne sont pas ceux qui imposent des solutions, mais ceux qui les co-créent avec les communautés locales. Ces communautés, les mieux placées pour comprendre les dynamiques écologiques et sociales du territoire qu’elles occupent, permettent aux efforts de conservation d’être plus résilients, adaptatifs et, au final, plus fructueux.


4. Aborder les risques du colonialisme vert


Bien que l’implication des communautés locales soit essentielle, certains risques demeurent dans l’exécution des projets de conservation. Parmi eux, celui du « colonialisme vert », un terme qui désigne l’imposition de projets environnementaux par des acteurs extérieurs, sans tenir compte des droits, coutumes ou besoins des populations locales.

Le colonialisme vert se manifeste souvent dans des projets mis en œuvre sans le consentement explicite ni la participation active des communautés concernées. Cette approche peut engendrer expulsions, difficultés économiques et un sentiment général d’aliénation parmi les populations locales. Pire encore, elle peut conduire à l’échec des projets, les communautés les percevant comme une imposition étrangère plutôt que comme un effort collaboratif.


Solutions pour lutter contre le colonialisme vert :

  • Consentement libre, préalable et éclairé (free prior consent: il s'agit d'un principe fondamental pour les projets de compensation carbone responsables. Il ne s’agit pas seulement d’obtenir un consentement formel, mais de s’assurer que les communautés sont pleinement informées des projets, qu’elles comprennent leurs enjeux et qu’elles y participent activement tout au long du processus.

  • Modèles de partage des revenus : un moyen efficace de garantir que les communautés locales bénéficient réellement des projets de conservation est d’adopter des modèles de partage des revenus. Une part des revenus issus de la vente de crédits carbone doit revenir directement aux économies locales, soit par des paiements directs aux membres des communautés, soit par des investissements dans des infrastructures locales, l’éducation et la santé. Ce modèle incite les communautés à soutenir les projets, renforçant ainsi leur succès à long terme.

  • Droits fonciers : dans de nombreuses régions du monde, les populations locales et autochtones sont confrontées à des difficultés pour sécuriser leurs droits fonciers. Il est crucial que les projets de conservation respectent les droits de propriété et ne portent pas atteinte aux droits locaux. L’établissement de droits fonciers sûrs pour les communautés locales, en partenariat avec elles, est indispensable pour instaurer la confiance et garantir une gestion durable des ressources naturelles.


5. Renforcer l’intégrité des compensations carbone par l’implication locale


Au-delà de la prévention du colonialisme vert et de la garantie des bénéfices pour les communautés locales, l’implication des populations joue également un rôle clé dans le renforcement de l’intégrité des projets eux-mêmes. Les projets de compensation carbone, notamment en phase initiale, rencontrent des défis majeurs pour démontrer leur efficacité et fournir des résultats vérifiables.

Une manière importante dont l’implication des communautés améliore l’intégrité des projets est la surveillance continue. Les communautés locales sont souvent les mieux placées pour fournir des retours en temps réel sur la santé des forêts, les impacts sur la biodiversité et la conformité du projet avec ses objectifs. En intégrant ces communautés dans la surveillance et les rapports, les projets peuvent vérifier qu’ils atteignent bien les résultats environnementaux visés et identifier rapidement les éventuels problèmes à résoudre.


Gardiens contre le greenwashing :

Dans un contexte où le greenwashing est un problème croissant, les communautés locales peuvent jouer un rôle essentiel de rempart contre les affirmations erronées ou trompeuses sur l’impact environnemental des projets. Les habitants sont souvent les premiers à détecter les écarts entre les revendications d’un projet et la réalité sur le terrain. Leur vigilance est un atout précieux pour garantir la transparence et la véracité des projets.


Responsabilité et transparence technologiques :

De plus en plus de projets de compensation carbone s’appuient sur la technologie pour renforcer la transparence et la responsabilité. Le suivi GPS, la surveillance par satellite et l’utilisation de la blockchain pour le suivi des crédits carbone permettent de suivre en temps réel la santé des écosystèmes et l’émission des crédits. Lorsqu’elles sont associées à l’expertise locale, ces technologies offrent un outil puissant pour garantir la réalisation des objectifs et l’émission de crédits carbone fondée sur des données vérifiables et transparentes.

Un exemple probant de la manière dont la technologie et l’implication des communautés peuvent renforcer l’intégrité d’un projet se trouve dans le projet de reforestation de Mirema. En collaboration avec le Service forestier du Kenya, la communauté de Mirema a mis en place un système de surveillance continue, utilisant des outils de cartographie de la forêt garantissant la bonne progression des activités de plantation et de régénération. Cette approche a renforcé la crédibilité du projet et a permis de collecter des données précieuses pour soutenir l’émission de crédits carbone.


6. Le rôle de l’éducation et des formations


Impliquer les communautés locales est essentiel, mais il est également important de reconnaître que nombre d’entre elles ne disposent pas toujours des compétences techniques nécessaires pour gérer efficacement des projets de compensation carbone. C’est ici que l’éducation et les formations prennent toute leur importance.


Formation des membres de la communauté :

Les projets de contribution carbone les plus fructueux incluent des programmes de formation qui permettent aux membres des communautés locales de développer des compétences en gestion de projet, surveillance environnementale et pratiques agricoles durables. En investissant dans l’éducation des communautés, ces projets favorisent leur autonomie et leur capacité à gérer durablement les ressources naturelles, bien après la fin du projet.

Au Kenya, par exemple, les projets de reforestation dirigés par la communauté intègrent souvent des sessions de formation sur la gestion durable des forêts, les techniques agroforestières et la gestion des crédits carbone. Ces initiatives éducatives permettent aux communautés de profiter non seulement des gains économiques immédiats, mais aussi de renforcer leurs capacités pour assurer la pérennité de leurs efforts.


7. Appel à l’action : investir dans des projets menés avec les communautés


La question n'est pas de savoir si les investissements fondés sur la nature sont importants, mais si votre investissement survivra à la prochaine décennie. Alors que la communauté mondiale est confrontée à une crise climatique de plus en plus grave, la clé des contributions carbone durables et efficaces réside dans des partenariats solides avec les communautés locales. Ces partenariats ne consistent pas seulement à bénéficier du savoir et de l’expertise des communautés, mais aussi à leur offrir les moyens de prendre en main leur propre avenir et renforcer leur résilience face aux impacts du dérèglement climatique.

Investir dans des solutions co-dirigées par les communautés n'est pas seulement la bonne chose à faire, c'est la seule manière d'assurer que vos projets de contribution carbone aient un véritable impact durable.


Conclusion


L’importance des communautés locales dans les projets de contribution carbone ne peut être sous-estimée. En adoptant les principes de co-gestion, de consentement, de partage des revenus et de renforcement des capacités, nous pouvons libérer tout le potentiel des projets de contribution carbone afin de contribuer à un avenir plus équitable et durable pour tous.


A PROPOS D'APOLOWNIA


Apolownia est une entreprise à mission engagée dans la lutte contre le changement climatique.


Nous soutenons les entreprises et les fonds désireux de s'engager dans des stratégies de décarbonation à long terme et impactantes - au sein et au-delà de leur chaîne de valeur - en concevant, en mettant en œuvre et en assurant le suivi de projets de contribution climatique basés sur la science et dont l'objectif est de restaurer les écosystèmes naturels.


À travers la technologie et des solutions innovantes, nous visons à façonner un monde résilient et respectueux de l'environnement, en encourageant la décarbonation de l'économie et en soutenant des initiatives sociales et environnementales.


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